Attentat bactériologique: un camion-labo pour gagner du temps et sauver des viesEn cas d'attentat chimique ou bactériologique, la gendarmerie dispose désormais, dans un petit camion, d'un laboratoire mobile permettant de gagner du temps dans l'analyse de la substance dangereuse, donc de sauver des vies.
Jusqu'à présent, les soldats ou gendarmes des unités spécialisées, dans leurs scaphandres étanches, devaient pénétrer dans la zone contaminée, prélever des échantillons de terre et d'air, passer à la douche de décontamination puis les envoyer à un laboratoire spécialisé, souvent situé à des centaines de kilomètres.
Le premier Véhicule d'intervention Biotox/Piratox (VIBP), inauguré lundi à Satory (Yvelines) par le ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, permet de gagner des heures précieuses: garé à proximité immédiate (mais pas à l'intérieur) de la zone contaminée, c'est un laboratoire complet, équipé de machines ultra-modernes.
"En trente minutes, une heure au plus, nous pouvons identifier sur place l'agent contaminant, bactériologique ou chimique", explique l'ingénieur général Norbert Fargere, de la Délégation générale à l'armement (DGA), maître d'oeuvre du projet.
Selon lui, le VIPB est ce qui se fait de mieux dans le monde actuellement: personne n'en dispose en Europe et les Etats-Unis ont des laboratoires mobiles comparables, mais un peu plus anciens. Il a coûté 3,4 millions d'euros, une somme comprenant la maintenance pendant les cinq premières années.
Pour le lieutenant Edwige Blandin, responsable de la cellule nationale Nucléaire Radiologique Biologique Chimique (NRBC) de la gendarmerie, "tout le problème, c'est de se garer à environ 500 mètres de la zone contaminée. Si le vent tourne, il faut que nous bougions. Mais nous sommes en contact avec tous les états-majors, et nous avons notre petite station météo embarquée".
En cas d'attentat chimique ou bactériologique, les gendarmes spécialisés dans ce type d'intervention (il y a deux brigades dans chaque zone de défense en France) reçoivent le soutien de soldats du 2e Régiment de dragons, eux aussi équipés de combinaisons, de véhicules étanches et capables d'installer des douches et des jets de décontamination en quinze minutes.
"En arrivant sur place, c'est en fait assez simple", assure le chef d'escadron Marc Caudrillier, chef opérationnel du 2e Dragons. "En deux minutes, on établit la zone dangereuse, en fonction du vent, sa direction, sa force, le relief, l'environnement. Un cercle s'il n'y a pas de vent, une olive s'il souffle. Puis on a des logiciels qui prennent le relais pour affiner le tracé".
"Le gros avantage de ce labo mobile", ajoute le colonel Thierry Cailloz, commandant du groupement blindé de gendarmerie mobile, c'est le temps que l'on gagne: en cas de fausse alerte, il peut nous permettre de lever un doute rapidement, d'éviter les évacuations et les paniques inutiles".