Braquage sanglant de Cergy: Mezaoui condamné à 30 ans de réclusion
Habib Mezaoui a été condamné samedi par la cour d'assises du Val-d'Oise à une peine de 30 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de 20 ans de sûreté pour le braquage sanglant de la Caisse d'Epargne de Cergy le 11 août 2001.
L'avocat général avait requis la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans contre Habib Mezaoui qui comparassait depuis lundi pour "vol avec arme ayant entraîné la mort" et "séquestration d'otages".
Il est accusé d'avoir pris en otage 14 employés et clients de la Caisse d'Epargne du centre commercial des Trois-Fontaines de Cergy le 11 août 2001, et d'avoir tué par balles le directeur et un conseiller financier. Au cours de sa fuite, Mezaoui avait tué un autre homme. Six personnes avaient en outre été blessées.
L'avocat général avait requis la peine maximale encourue par Habib Mezaoui qui comparaît depuis lundi pour "vol avec arme ayant entraîné la mort" et "séquestration d'otages".
Tout au long du procès, la question de savoir si son discernement était "aboli" au moment des faits a été au coeur des débats. Deux expertises psychiatriques sur trois concluent à son irresponsabilité. Si elle était reconnue, l'accusé ne pourrait être considéré comme accessible à une sanction pénale et ne pourrait être condamné.
"Mon intime conviction c'est que quand M. Mezaoui rentre dans la banque, il n'est pas sous l'emprise d'un délire qui a aboli son discernement", a indiqué l'avocat général, Marie-Hélène Lesueur de Givry, devant l'accusé prostré. "Tous les experts psychiatres ont jugé que M. Mezaoui était un être extrêmement dangereux", a-t-elle ajouté.
L'avocat général a cité à une dizaine de reprises le nom de l'expert psychiatre Gérard Dubret, présent dans la salle d'audience samedi, pour mieux remettre en cause ses conclusions. "Mezaoui est un malade mental, ça crève les yeux !", s'était exclamé mercredi le Dr Dubret, questionné par la cour pendant trois heures.
L'avocat de la défense, Me Jean-Yves Liénard, a insisté sur la nécessité d'envoyer Mezaoui, "un être éminemment dangereux", selon lui, à l'hôpital plutôt qu'en prison et donc de le juger irresponsable de ses actes. "Comment peut-on protéger la société de la bombe atomique qu'est Mezaoui ? En prison il ne pourra être soigné. Il faut l'envoyer à l'hôpital", a-t-il dit.
L'avocat s'en est pris directement à l'avocat général, suggérant au Dr Dubret de soigner la magistrate pour la "schizophrénie" dont elle a, selon lui, fait preuve dans ses réquisitions.
Dans leurs plaidoiries vendredi, les avocats des parties civiles ont mené une attaque en règle contre le principe des expertises psychiatriques dont l'affaire Outreau a montré le manque de "fiabilité", selon Me Robert Dupâquier.
L'avocat de la famille du directeur de la banque tué pendant le braquage, Me Thierry Colas, a critiqué le travail du Dr Dubret, un "militant" à qui il reproche des "contradictions".
Habib Mezaoui, 32 ans, qui a refusé de comparaître mercredi et une partie de jeudi, est resté étranger aux débats, ne donnant aucune explication sur son geste au cours du procès.
"Tu as pris mon père pour toujours, et c'est toi qui as choisi de le tuer. Il t'a dit arrête, et tu as continué", a déclaré vendredi Céline Dessertene, fille de Gilles Dessertene, tué d'une balle dans la nuque. S'adressant directement à l'accusé, elle lui a demandé "d'assumer son geste".
Celui-ci n'a pas réagi. Il est resté immobile sur sa chaise, la tête baissée, apparemment assommé par le cocktail de psychotropes qui lui est prescrit.