Une association dénonce l'arrivée du "Taser" dans les banlieues
Le Réseau d'alerte et d'intervention pour les droits de l'Homme (RAIDH) s'inquiète des conséquences de l'utilisation par les forces de l'ordre de nouveaux pistolets à électrochocs dans les banlieues.
"Nous ne laisserons pas les dernières agressions envers la police et 'l'anniversaire' des émeutes servir de prétexte à une utilisation généralisée du Taser", prévient mercredi le RAIDH dans un communiqué intitulé "Taser, l'arme qui va mettre le feu aux cités".
Les forces de l'ordre, près de 5.000 policiers et gendarmes, doivent être équipées prochainement de cette nouvelle arme de poing qui envoie une décharge électrique de 50.000 volts et paralyse le système nerveux. Elle est en expérimentation dans la police française depuis près d'un an.
Il n'y aura aucune concomitance entre l'arrivée du Taser et la commémoration de la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois, le 27 octobre, à l'origine des violences urbaines de novembre 2005, assure-t-on de source policière.
Cette arme ne devrait être introduite qu'au "compte-gouttes dans les semaines qui viennent", a-t-on précisé.
Sous l'impulsion de la jeune association de défense des droits de l'Homme, douze parlementaires de tous bords ont adressé des questions écrites au ministre de l'Intérieur pour faire part de leur préoccupation sur l'introduction de cette arme, déjà utilisée aux Etats-Unis, en Belgique ou aux Pays-Bas.
Sur demande du ministère de l'Intérieur, les armes destinées aux forces de l'ordre françaises ont été équipées d'un caméra et d'une puce électronique enregistrant le tir et l'intensité de l'impulsion électrique.
De plus, tout utilisateur de Taser doit suivre une formation de trois jours et subir lui-même un tir, a souligné un porte-parole du syndicat de police Synergie-officiers.
"On ne peut pas en même temps nous reprocher de développer des armes non létales et de les utiliser une fois qu'on les a", a-t-il ajouté.
Pour le RAIDH, le Taser "sera susceptible d'être utilisé (...) pour intimider, humilier ou faire parler des suspects détenus, prisonniers ou simples citoyens", ce qui s'apparente à un acte de torture et est contraire à la Convention des Nations unies contre la torture, que la France a ratifiée