Le gouvernement réfléchit à la création d'un système de contrôle externe des prisons françaises, comme le recommandent les Nations Unies ou le Conseil de l'Europe, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Contrairement à celui d'autres démocraties occidentales, le droit français ne prévoit pas l'existence d'un organisme indépendant contrôlant les conditions de détention, carence régulièrement dénoncée par les organisations de défense des détenus.
Cependant, selon une source proche du dossier, "le ministère de la Justice réfléchit actuellement à une forme de contrôle externe des prisons", dont il pourrait annoncer les modalités prochainement.
Lors d'une conférence de presse, le directeur de l'Administration pénitentiaire (AP), Claude d'Harcourt, a de plus assuré vendredi que "le gouvernement va annoncer les modalités d'un contrôle externe" des prisons. La Chancellerie se refusait à tout commentaire.
Un contrôle externe des prisons avait été préconisé dès 2000 par une commission présidée par Guy Canivet, premier président de la Cour de cassation, mais les pouvoirs publics s'y étaient jusqu'à présent opposés.
Cependant, la France a entrepris un programme de conformité aux "règles pénitentiaires européennes" (RPE), adoptées par le Conseil de l'Europe en janvier dernier, a expliqué Claude d'Harcourt.
Ces règles --des recommandations--, sont censées donner "un cadre éthique" au traitement des détenus, de la sécurité à l'hygiène en passant par l'accès aux soins, le transfèrement ou la discipline.
Parmi elles, l'une précise que "les conditions de détention et la manière dont les détenus sont traités doivent être contrôlées par un ou des organes indépendants", ce que prône aussi "le protocole facultatif à la convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants".
Plus généralement, l'AP entend adapter ces règles européennes en priorité aux maisons d'arrêt, qui accueillent prévenus et condamnés au reliquat de peine inférieur à un an.
Une mission de réflexion a été confiée à Jean-Pierre Ricard, directeur régional des services pénitentiaires, qui doit rendre ses conclusions fin 2006. Elles serviront à la rédaction de fiches-guides pour les surveillants, prélude à leur mise en oeuvre au deuxième trimestre 2007.
Pour autant, l'AP ne fait pas siennes toutes les RPE, à commencer par le droit à l'expression collective des détenus. Les pays qui l'appliquent, comme le Canada, ont remarqué que "cela se traduit irrémédiablement par la prise de pouvoir de gangs", a assuré M. d'Harcourt, soulignant notamment le danger en France du "prosélytisme islamiste".
Séparer les prévenus des condamnés, systématiser les cellules individuelles, tenir les normes d'hygiène est par ailleurs "difficile" à réaliser en raison de la vétusté de certains établissements et de leur surpopulation malgré un programme de construction.