Les six anciens détenus français de Guantanamo, jugés en juillet à Paris pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", seront fixés mercredi sur leur sort.
La 16e chambre du tribunal correctionnel doit rendre en début d'après-midi son jugement à l'encontre de Mourad Benchellali, 25 ans, Nizar Sassi, 26 ans, Brahim Yadel, 36 ans, Imad Achab Kanouni, 29 ans, Khaled Ben Mustapha, 34 ans, et Redouane Khalid, 38 ans.
Aujourd'hui tous en liberté sous contrôle judiciaire, après avoir été incarcérés à leur retour de la base américaine à Cuba, ils ne risquent pas de retourner en prison: dans ses réquisitoires, la procureure Sonya Djemni-Wagner n'avait requis qu'un an de réclusion ferme contre cinq des six accusés, prenant ainsi en compte leur détention à Guantanamo.
Etant donné les périodes de détention provisoire qu'ils ont effectuées à leur retour en France, ces réquisitoires garantissent qu'ils ne devraient pas être ré-emprisonnés.
Pour Imad Achab Kanouni, contre lequel pesaient les présomptions les plus légères, la procureure avait estimé "ne pas pouvoir requérir de peine", sans pour autant préconiser la relaxe.
Demandant aux trois juges de "dire qu'ils sont coupables", elle avait toutefois assuré "ne pas pouvoir ne pas prendre en compte la détention anormale de Guantanamo: jamais je ne cautionnerai un système qui permet de détenir des hommes hors de tout système légal".
Les avocats des jeunes hommes avaient transformé leurs plaidoiries en réquisitoires contre la base américaine à Cuba, accusant les autorités françaises de complaisance.
Ils avaient notamment condamné avec véhémence le fait que des agents de la DST (contre-espionnage) s'étaient discrètement rendus sur place pour les interroger.
Pour l'ex-bâtonnier du barreau de Paris, Me Paul-Albert Iweins, "tandis que la France protestait officiellement des violations des droits de l'Homme commises à Guantanamo, elle envoyait des policiers interroger les victimes de ces violations !"