Le palmarès 2005 de la performance policière

Les services de police s'améliorent : dans 54 des 61 agglomérations de plus 100 000 habitants, le taux d'élucidation des crimes et délits est en hausse.

THIONVILLE, en Moselle, est championne de la réussite policière avec près de quatre affaires sur dix résolues en 2005, tandis qu'à Lille ou à Cannes plus de huit sur dix restent sans coupable présenté à la justice. À l'heure, où le ministre de l'Intérieur critique le «laxisme» des juges, Le Figaro publie le palmarès de l'efficacité de la police en France établi par un rapport confidentiel de la Direction centrale de la sécurité publique, qui présente les résultats de ses services par circonscription de police.

Les résultats apparaissent très contrastés, même si, globalement, l'efficacité se renforce par rapport à 2003, année qui marque le début de la «culture du résultat» appliquée au ministère de l'Intérieur. Sur les 61 circonscriptions de police de plus de 100 000 habitants, 54 enregistrent une amélioration. Les baisses concernent en fait six grandes agglomérations, si l'on exclut Limoges, première du palmarès il y a trois ans et toujours «bon élève», puisque son taux de réussite figure encore parmi les dix premiers.

En Île-de-France, Palaiseau (Essonne) arrive désormais en tête, avec 11% de réussite en plus depuis 2003. À Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), «lanterne rouge» il y a trois ans, les choses vont mieux. En revanche, Versailles (Yvelines) et L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) régressent. Et ce n'est pas l'effet des violences urbaines, car la Seine-Saint-Denis améliore légèrement son taux d'élucidation. Les différences d'état des lieux pointent davantage des questions d'organisation dans les services. Rattachée à la préfecture de police, Paris ne figure pas dans ce palmarès. Il est impossible de comparer la capitale aux métropoles régionales. Entre 2003 et aujourd'hui toutefois, le taux d'élucidation y est passé de 18,34% à 24,89%.

Dans plusieurs villes, la police a inversé la tendance. Ainsi, Toulouse, «bonnet d'âne» quand Sarkozy a pris les rênes de la Place Beauvau, a remonté la pente et a gagné dix places dans le classement, avec + 6% de réussite. Mulhouse, fief du socialiste Jean-Marie Bockel, attire également l'attention. Sur les quatorze grandes villes françaises dont le taux de criminalité dépasse les 100 crimes et délits pour 1 000 habitants (1), elle reste la seule, avec Nîmes, à enregistrer un taux de réussite policière supérieur à la moyenne nationale.

Dysfonctionnements

Les villes du sud de la France affichent, à quelques exceptions près, des performances en retrait par rapport aux autres métropoles. Un rapport de la police des polices y avait pointé du doigt en 2001 certains dysfonctionnements, notamment «un taux de congés maladie abusif et choquant qui démotive les policiers les plus sérieux tout en renforçant leur charge de travail». Mais la structure de la criminalité locale explique davantage les écarts entre villes. Beaucoup, en effet, et notamment les villes côtières, subissent une délinquance liée à la saison touristique. Au Touquet (Pas-de-Calais) ou à Deauville (Calvados), par exemple, le taux de criminalité est deux fois supérieur à la moyenne nationale. S'y ajoutent les cambriolages de résidences secondaires très fréquents. Autant d'affaires difficiles à résoudre qui viennent noircir le tableau dans ces zones.

(1) Cannes, Lille, Montpellier, Bordeaux, Aix-en-Provence, Marseille, Nice, Toulouse, La Rochelle, Strasbourg, Lyon, Perpignan, Nîmes et Mulhouse.