A partir des données de l'Education nationale, Le Point publie ce jeudi un classement des établissements scolaires en fonction de leur violence. A noter toutefois : ces chiffres sont calculés sur la base des seules déclarations des établissements.
C'est une photo saisissante de la France, même s'il faut garder en tête que les chiffres ne sont obtenus que sur la base des déclarations des établissements eux-mêmes. Pour la première fois, les données chiffrées de l'Education nationale en matière de violence scolaire sont publiées ce jeudi par le magazine Le Point.
De 23 actes de violences cette année au collège La Martinière de Lyon à 285 au collège Condorcet de Nîmes, le magazine a classé les 7924 établissements scolaires publics du second degré français, même si 6% ne déclarent même pas d'actes violents.
30% de violences physiques sans arme
82.007 faits graves ont été recensés en 2005-2006 dans les collèges et lycées publics, soit une augmentation de 1% par rapport à 2004. Parmi eux, 760 ports d'armes et 1050 violences physiques à caractère sexuel. La plus grande part des actes sont des violences physiques sans armes (près de 30%), suivies des insultes graves et menaces (26%).
Le record est détenu par le collège Condorcet de Nîmes, avec 285 évènements graves, soit près de 10 par semaine de scolarité. A l'opposé, le plus calme est le collège La Martinière de Lyon avec 23 actes. 22 collèges sont classés dangereux en Ile-de-France. En moyenne, les collèges ont été touchés par 14,8 actes de violence. Les lycées sont globalement moins touchés. Le ministre de l'Education devrait faire présenter des "des mesures de prévention et de lutte contre la violence en milieu scolaire lors de la conférence de presse de rentrée", jeudi.
Comment Le Point en arrive à cette liste
Le ministère ne délivre chaque année qu'une synthèse des résultats du logiciel d'information sur la violence scolaire Signa, mis en place en 2001 et alimenté par 94% des chefs d'établissements selon Le Point. Ce logiciel Signa permet aux chefs d'établissement de recenser les actes de violence "graves", c'est-à-dire les "actes dont la qualification pénale est évidente", "les actes qui ont fait l'objet d'un signalement" à la police ou à la justice et ceux qui ont eu "un retentissement important dans la communauté scolaire", selon le ministère. Pour obtenir les résultats détaillés, trois journalistes ont mené une bataille juridique, initiée en janvier 2005, et effectué "à deux reprises" une demande auprès de la Commission d'accès aux documents administratifs (Cada) puis un recours au tribunal administratif. En juin 2006, la Cada a déclaré la base de données "document public", ne laissant plus le choix au ministère qui a fourni au Point "par mail" les "2 millions de données informatiques". Choqué par ce classement, le premier syndicat des chefs d'établissement, le SNPDEN, a demandé jeudi à ses membres "de ne plus renseigner les enquête Signa dans l'attente d'explications du ministère".